gspr

Groupe de Sociologie Pragmatique et Réflexive

Ecole des hautes études en scienes sociales

Séminaire des doctorants du GSPR

Séminaire 2016 - 2017

Quels horizons critiques pour le pragmatisme en sociologie ?

Retours d’expérience à partir des terrains de recherche

Animé par :
Nassima Abdelghafour, Martin Denoun, Fabrizio Li Vigni, Adhémar Saunier (GSPR-EHESS)
 
1er jeudi du mois de 9 h à 11 h (salle 9, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 3 novembre 2016 au 8 juin 2017.

 

Il est assez commun, en sociologie, d’opposer l’approche critique à l’approche pragmatique. Cette opposition a été davantage élaborée par les tenants de l’approche pragmatique : en raison de divergences théoriques, et dans un contexte de  « luttes des places » dans le champ sociologique, ils ont mis au jour certaines des apories des sociologies dans lesquelles ils s’étaient formés tout en se démarquant de leurs professeurs.

Bien qu’elles ne recouvrent pas à elles seules l’ensemble du champ, les sociologies critiques et pragmatiques constituent deux pôles qu’il nous semble fécond de mettre en tension. Il faut toutefois noter que le poids de la première – en termes de nombre de sociologues qui s’en réclament et de rayonnement de ses médias de diffusion (on peut penser aux Actes de la recherche en sciences sociales) – dépasse très largement celui de la seconde, à tel point que certains acteurs du champ connaissent à peine son existence.

En France, le courant « pragmatique » rassemble en réalité une constellation d’acteurs assez éparpillés. On peut en proposer une cartographie sommaire qui distinguerait trois « continents » : la « sociologie des épreuves » élaborée au Centre de Sociologie de l’Innovation, la « sociologie de la critique » déployée au Groupe de Sociologie Politique et Morale et l’ethnométhodologie d’Harold Garfinkel importée et travaillée notamment par Louis Quéré.

La tradition critique n’est pas plus homogène. Si l'on pense d'emblée aux approches marxistes et bourdieusiennes, d'autres courants sont susceptibles d'apparaître dans ce séminaire à mesure que la réflexion collective avance.

Si, en ce moment, des ponts sont jetés entre les deux galaxies, des différences demeurent qui paraissent suffisamment consistantes pour justifier que l’on se réinterroge, à nouveaux frais, sur ce que chacune de ces approches rend possible, et sur ce qui au contraire leur résiste, lorsqu’elles sont confrontées aux impératifs de l’observation empirique et à l’ambition d’en tirer des catégories plus générales, portant en germe l’idée d’une critique sociale.

À grands traits, la tension principale entre ces deux approches réside dans le statut accordé aux discours et aux pratiques des acteurs du terrain, et dans le traitement qui en est fait. Animées par le souci de décrire le plus finement possible les actions des individus et de prendre au sérieux les catégories qu’ils utilisent pour rendre leurs mondes intelligibles, les sociologies pragmatiques s’efforcent de mettre au jour « le visible non remarqué » des activités et les implicites des raisonnements jusqu’à pouvoir rendre compte des rationalités des conduites humaines et des phénomènes sociaux. Adoptant une orientation plus normative, et doutant des capacités des individus à objectiver d’eux-mêmes le sens de leurs pratiques, les sociologies critiques travaillent à élaborer des catégories que les acteurs ne parviendraient pas à constituer, mais qui serviraient d’appui à la formulation d’une critique sociale.

La critique principale que les « sociologues pragmatiques » adressent aux « sociologues critiques » porte sur la position de surplomb qu’induit une recherche refusant aux acteurs la capacité à se départir des influences que les structures sociales font peser sur eux et sur les espaces de leurs actions. C’est également la propension des analystes critiques à se réserver le droit et les compétences à dévoiler ces forces invisibles qui est discutée. En retour, les sociologies pragmatiques se voient reprocher l’absence de portée critique de leurs productions, en raison de leur insistance à coller au plus près d’une réalité prosaïque. C’est donc leur incapacité à dénaturaliser radicalement le réel et à produire de la critique sociale qui pose question.

Nous voudrions dans le cadre de ce séminaire inviter des chercheur.e.s qui, engagé.e.s sur un terrain, se sont confronté.e.s à ces différences d’approches, et qui, plutôt que de les opposer, ont travaillé à les conjuguer. Nous souhaiterions que ce séminaire soit l’occasion d’identifier plus clairement les passerelles possibles entre sociologie critique et sociologie pragmatique, en vue de mieux repérer comment l’une avec l’autre peuvent porter de manière convaincante une critique sociale renouvelée. Toutefois, notre intention n’est pas de promouvoir une posture œcuménique : il s’agira aussi d’identifier les différences (épistémologiques, pratiques) qui empêchent – pour de bonnes raisons – leur hybridation.

Séminaire 2015 - 2016

Quels horizons critiques pour le pragmatisme en sociologie ?

Retours d’expérience à partir des terrains de recherche

Animé par:

Nassima Abdelghafour, Martin Denoun, Jean Frances, Flore Guiffault, Fabrizio Li Vigni (GSPR-EHESS)

1er jeudi du mois de 9 h à 11 h (salle 9, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 5 novembre 2015 au 2 juin 2016. La séance du 3 décembre est reportée au 10 décembre (salle 10). La séance du 2 juin se déroulera de 15 h à 17 h en salle 8.


Il est assez commun, en sociologie, d’opposer l’approche critique à l’approche pragmatique. Cette opposition a été davantage élaborée par les tenants de l’approche pragmatique : en raison de divergences théoriques, et dans un contexte de  « luttes des places » dans le champ sociologique, ils ont mis au jour certaines des apories des sociologies dans lesquelles ils s’étaient formés tout en se démarquant de leurs professeurs.

Bien qu’elles ne recouvrent pas à elles seules l’ensemble du champ, les sociologies critiques et pragmatiques constituent deux pôles qu’il nous semble fécond de mettre en tension. Il faut toutefois noter que le poids de la première – en termes de nombre de sociologues qui s’en réclament et de rayonnement de ses médias de diffusion (on peut penser aux Actes de la recherche en sciences sociales) – dépasse très largement celui de la seconde, à tel point que certains acteurs du champ connaissent à peine son existence.

En France, le courant « pragmatique » rassemble en réalité une constellation d’acteurs assez éparpillés. On peut en proposer une cartographie sommaire qui distinguerait trois « continents » : la « sociologie des épreuves » élaborée au Centre de Sociologie de l’Innovation, la « sociologie de la critique » déployée au Groupe de Sociologie Politique et Morale et l’ethnométhodologie d’Harold Garfinkel importée et travaillée notamment par Louis Quéré.

La tradition critique n’est pas plus homogène. Si l'on pense d'emblée aux approches marxistes et bourdieusiennes, d'autres courants sont susceptibles d'apparaître dans ce séminaire à mesure que la réflexion collective avance.

Si, en ce moment, des ponts sont jetés entre les deux galaxies, des différences demeurent qui paraissent suffisamment consistantes pour justifier que l’on se réinterroge, à nouveaux frais, sur ce que chacune de ces approches rend possible, et sur ce qui au contraire leur résiste, lorsqu’elles sont confrontées aux impératifs de l’observation empirique et à l’ambition d’en tirer des catégories plus générales, portant en germe l’idée d’une critique sociale.

À grands traits, la tension principale entre ces deux approches réside dans le statut accordé aux discours et aux pratiques des acteurs du terrain, et dans le traitement qui en est fait. Animées par le souci de décrire le plus finement possible les actions des individus et de prendre au sérieux les catégories qu’ils utilisent pour rendre leurs mondes intelligibles, les sociologies pragmatiques s’efforcent de mettre au jour « le visible non remarqué » des activités et les implicites des raisonnements jusqu’à pouvoir rendre compte des rationalités des conduites humaines et des phénomènes sociaux. Adoptant une orientation plus normative, et doutant des capacités des individus à objectiver d’eux-mêmes le sens de leurs pratiques, les sociologies critiques travaillent à élaborer des catégories que les acteurs ne parviendraient pas à constituer, mais qui serviraient d’appui à la formulation d’une critique sociale.

La critique principale que les « sociologues pragmatiques » adressent aux « sociologues critiques » porte sur la position de surplomb qu’induit une recherche refusant aux acteurs la capacité à se départir des influences que les structures sociales font peser sur eux et sur les espaces de leurs actions. C’est également la propension des analystes critiques à se réserver le droit et les compétences à dévoiler ces forces invisibles qui est discutée. En retour, les sociologies pragmatiques se voient reprocher l’absence de portée critique de leurs productions, en raison de leur insistance à coller au plus près d’une réalité prosaïque. C’est donc leur incapacité à dénaturaliser radicalement le réel et à produire de la critique sociale qui pose question.

Nous voudrions dans le cadre de ce séminaire inviter des chercheur.e.s qui, engagé.e.s sur un terrain, se sont confronté.e.s à ces différences d’approches, et qui, plutôt que de les opposer, ont travaillé à les conjuguer. Nous souhaiterions que ce séminaire soit l’occasion d’identifier plus clairement les passerelles possibles entre sociologie critique et sociologie pragmatique, en vue de mieux repérer comment l’une avec l’autre peuvent porter de manière convaincante une critique sociale renouvelée. Toutefois, notre intention n’est pas de promouvoir une posture œcuménique : il s’agira aussi d’identifier les différences (épistémologiques, pratiques) qui empêchent – pour de bonnes raisons – leur hybridation.

Programme des séances

2016-2017

  • 3 novembre 2016 : les organisateurs poseront les enjeux du séminaire de cette année tout en revenant sur les acquis de l'année dernière.
  • 1er décembre 2016 : Mathieu Baudrin (CSI, MinesParisTech), Quelle forme de critique produit une approche pragmatique de l'histoire industrielle ?
  • 5 janvier 2017 : Maïté Juan (LISE, CNAM), Expérimentations démocratiques et émancipation culturelle : vers une nouvelle théorie critique ?
  • 2 février 2017 : Johan Giry (SAGE, Strasbourg ; CIRST, UQAM), Tensions morales autour de l'autonomie du travail sociologique. Les sociologues à l'épreuve des réformes de l'agence nationale de la recherche. (titre provisoire)
  • 2 mars 2017 : Francis Chateauraynaud, (GSPR, EHESS), Critique et réflexivité en sociologie pragmatique. Entrer par l'argumentation pour sortir par les milieux.
  • 4 mai  2017 : Cédric Moreau de Bellaing (LIER, ENS), Qu'est-ce que la critique peut attendre de la sociologie ?
  • 8 juin 2017 : Rémi Eliçabe (GRAC), Amandine Guilbert (GRAC) et Julien Pieron (MéThéor, ULg), Déplacer pragmatiquement le débat sur la critique ? Quelques gestes critiques pour repeupler le temps.

Séminaire animé par Nassima Abdelghafour, Martin Denoun, Fabrizio Li Vigni, Adhémar Saunier (GSPR-EHESS)

https://enseignements-2016.ehess.fr/2016/ue/1719//

2015-2016

  • 5 novembre 2015 : Introduction : projet et enjeux du séminaire. Quelles lignes de partage entre les sociologies critiques et pragmatiques ?
  • 10 décembre 2015 : Antoine Hennion (CSI - Mines ParisTech) : Le pragmatisme, un engagement critique dans des mondes toujours à faire.
  • 7 janvier 2016 : Manuel Cervera-Marzal (ATER EHESS) : Ethnographier le militantisme avec un regard critique et pragmatique.
  • 4 février 2016 : Irène Pereira (LIS - ESPE de l'Université de Paris-Est) : Une sociologie pragmatique critique - actions collectives et rapports sociaux.
  • 3 mars 2016 : Jean Francès (CSTB/GSPR-EHESS), Stéphane Le Lay (CNAM) et Baptiste Pizzinat (Bordeaux 3). Le pragmatisme d'un collectif critique.
  • 7 avril 2016 : Jérôme Lamy (PRINTEMPS - UVSQ). Pragmatisme et critique ou l'irrésolution productive. L'analyse de la politique de communication de l'Université de Paris-Saclay.
  • 2 juin 2016 : Sylvain Laurens (Centre Georg Simmel - EHESS) : Structures, Cultures et Grammaires : retour sur trois modes d'explication scolastiques des pratiques.

Séminaire organisé par Nassima Abdelghafour, Martin Denoun, Jean Frances, Flore Guiffault, Fabrizio Li Vigni.

Adresses de contacts : fabrizio_livigni(at)hotmail.com, martindenoun(at)yahoo.fr, nassima.abdelghafour(at)gmail.com